CELEBRATION DE LA JOURNEE MONDIALE CONTRE LE SIDA 2022
Allocution de M. Salvator Niyonzima, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Bénin
Cotonou, Palais des Congrès
Excellence Monsieur le Ministre de la Santé,
Madame la Représentante du Chef de l’Etat auprès du CNLS-TP,
Monsieur le Secrétaire Exécutif du CNLS-TP,
Monsieur le Préfet du Département du Littoral,
Monsieur le Président du RéBAP+,
Mesdames et Messieurs les représentants des organisations communautaires, Société Civile et Populations clés,
Madame la Coordonnatrice du Programme Santé de Lutte contre le Sida,
Monsieur l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique,
Monsieur le Directeur de USAID
Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique, représentants les Partenaires Techniques et Financiers,
Chers collègues du Système des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs les membres des média,
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de prendre la parole au nom du Système des Nations Unies au Bénin au moment où nous célébrons la 34ème Journée Mondiale de Lutte contre le Sida dans cette belle salle du Palais des Congrès de Cotonou. Je vous souhaite à toutes et à tous une chaleureuse bienvenue et je vous remercie d’avoir fait le déplacement. Mon allocution se décline en deux parties. Je partagerai d’abord quelques réflexions avec vous puis je vous présenterai le message de circonstance du Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres.
Monsieur le Ministre,
Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,
Depuis 1988, la communauté mondiale célèbre chaque 1er décembre la Journée Mondiale de lutte contre le Sida. Aujourd’hui, nous sommes réunis dans cette salle pour lancer la célébration de la 34ème JMS. C’est un moment de réflexion et de souvenir, un moment de remobilisation.
En 2021, à travers une Déclaration Politique intitulée « Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 », le monde a souscrit à un plan audacieux qui, s’il est respecté, mènera à l’éradication du sida d’ici 2030. C’est une perspective fantastique !
Mais aujourd’hui, nous, le Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/sida, tirons la sonnette d’alarme. Le sida n’a pas perdu son statut de pandémie, les indicateurs sont au rouge et nous ne parviendrons à surmonter cette pandémie que par une action rapide pour mettre fin aux inégalités qui l’alimentent.
Dans les pays où les leaders prennent des actions audacieuses et concertées, exploitent les dernières découvertes scientifiques, apportent des services qui répondent aux besoins de toutes les personnes, protègent les droits humains et investissent avec des financements adéquats, nous constatons la quasi-disparition des décès dus au sida et des nouvelles infections au VIH.
Mais cela ne s’applique encore qu'à certains endroits et pour certaines personnes seulement. Des inégalités en tous genres perpétuent la pandémie du VIH/sida et freinent les progrès pour y mettre fin. Pourtant elles ne constituent pas une fatalité puisque nous pouvons y remédier. La
Journée mondiale de lutte contre le sida nous donne à toutes et à tous l’opportunité de célébrer les victoires et de nous galvaniser pour aller de l’avant.
Le slogan « Poussons pour l’égalité » nous invite à l’action. Il nous incite à poser des actes concrets qui ont fait leurs preuves et qui sont nécessaires pour lutter contre les inégalités et aider à mettre fin au sida. Il s’agit entre autres de :
- Renforcer la disponibilité, la qualité et la conformité des services de dépistage et de prévention du VIH, de traitement du sida, afin que tout le monde y accède correctement et régulièrement.
- Réformer les lois, les politiques et les pratiques pour lutter contre la stigmatisation et l’exclusion auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH ainsi que les populations clés et marginalisées, afin que chaque individu soit considéré avec la dignité qu’il/elle mérite.
- Assurer le partage des technologies entre les communautés et entre le Sud et le Nord pour permettre un accès égal aux meilleures découvertes scientifiques concernant le VIH.
- Adapter et utiliser le message « Poussons pour l’égalité » afin de mettre en évidence les inégalités particulières auxquelles sont confrontées les communautés et encourager les actions nécessaires pour y remédier.
Monsieur le Ministre,
Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,
Les données de l’ONUSIDA sur la riposte mondiale au VIH révèlent un ralentissement des progrès de la lutte et une réduction des ressources disponibles au cours des deux dernières années marquées par la COVID-19 et d’autres crises mondiales. Ce recul met en danger des millions de vies.
Quatre décennies après le début de la riposte au VIH, les inégalités persistent au niveau des services les plus élémentaires tels que le dépistage, le traitement et les préservatifs, et encore plus pour les nouvelles technologies :
- En Afrique, les jeunes femmes continuent à être affectées de manière disproportionnée par le VIH, tandis que la couverture des programmes spécifiques reste trop faible. Dans 19 pays africains fortement touchés par l’épidémie, les programmes de prévention combinée dédiés aux adolescentes et aux jeunes femmes sont mis en œuvre dans seulement 40 % des zones à incidence élevée du VIH.
- Seul un tiers des membres des populations clés ont un accès régulier à la prévention. Celles-ci comprennent les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les utilisateurs et utilisatrices de drogue, les travailleurs et travailleuses du sexe et la population carcérale. Les populations clés sont confrontées à des obstacles juridiques majeurs, notamment la criminalisation, la discrimination et la stigmatisation.
Monsieur le Ministre,
Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,
Le Bénin a enregistré d’excellents résultats ces dernières années en matière d’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Le taux de transmission s’établit désormais en dessous du seuil de 5%. Concernant les progrès vers les cibles de traitement 95-95-95, le Bénin a également engrangé de très bons résultats. En effet, il se situe à 85-84-66. Mais des défis importants existent encore pour réduire les inégalités observées dans l’accès des populations aux soins. A titre d’exemples, moins de 40% des enfants ont accès au traitement antirétroviral et moins de 30% des conjoints des femmes enceintes se font dépister pour connaître leur statut sérologique. C’est dire que, en matière de réponse, le Bénin est sur une très bonne trajectoire mais le travail doit se poursuivre avec la même détermination.
Selon la Déclaration Politique de 2021, l’objectif ultime est de mettre fin au sida comme menace de santé mondiale d’ici à 2030. En faisant l’arithmétique, on se rend compte qu’il ne nous reste que 8 ans pour cela. J’ai presque envie de dire que le temps presse. Les inégalités économiques, sociales, culturelles et juridiques doivent être ciblées de toute urgence. En période de pandémie, les inégalités exacerbent les dangers pour tout le monde. En effet, l’éradication du sida ne peut être atteinte que si nous nous attaquons aux inégalités qui lui servent de terreau.
Les leaders du monde, nous y compris , devons prendre nos responsabilités et faire preuve d’audace dans nos actions. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour lutter contre les inégalités et ne laisser personne de côté. Je profite de cette occasion pour saluer les communautés qui se trouvent en première ligne dans la riposte au Bénin et ailleurs et qui ont déjà démontré les approches les plus efficaces. Elles constituent des agents et des moteurs de changement, elles placent l’être humain au centre de leur action et elles poussent les leaders à faire preuve d’audace.
Monsieur le Ministre,
Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,
A présent je voudrais vous lire le message du Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres,
Je cite :
Message du Secrétaire général - 2022
Le monde a promis d’éradiquer le sida d’ici à 2030.
Or nous n’en prenons pas le chemin.
Pour mettre fin au sida, nous devons mettre fin aux inégalités qui entravent les progrès.
Or, nous risquons des millions de nouvelles infections et des millions de décès supplémentaires.
C’est pourquoi, en cette Journée mondiale du sida, nous lançons d’une seule voix cet appel :
Poussons pour l’égalité !
Le slogan « Poussons pour l’égalité ! » est un appel à l’action.
Une invitation à prendre les mesures concrètes éprouvées, qui aideront à faire disparaître le sida.
Il faut rendre les services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH plus disponibles, de meilleure qualité et mieux adaptés.
Autrement dit, plus de ressources financières.
Ensuite, des lois, des politiques et des pratiques mieux adaptées à la lutte contre la stigmatisation et l’exclusion des personnes vivant avec le VIH, en particulier les populations marginalisées.
Tout le monde a besoin de respect et d’accueil.
Et enfin, une plus grande mise en commun des technologies, pour un accès égal aux meilleures connaissances scientifiques sur le VIH, notamment entre les pays du Sud et du Nord.
Les inégalités qui font perdurer la pandémie de sida peuvent et doivent être abolies.
Nous pouvons éradiquer le sida.
Si nous poussons pour l’égalité.
Fin de citation
Vive la coopération internationale pour un monde sans sida
Vive le Bénin
Je vous remercie de votre aimable attention.