Les jeunes Béninois engagés contre le mariage des enfants
17 novembre 2018
- « Nous demandons au Gouvernement de sévir contre tout mariage avant l’âge de 18 ans.»
Plus de deux cents jeunes Béninois issus d’une trentaine d’associations de la société civile ont manifesté à Cotonou pour l’élimination du mariage des enfants, battant le pavé de la Place des Martyrs à celle de l’Etoile Rouge à l’occasion de la 26ème édition de la Journée de l’Enfant Africain (JEA). Au terme de cette marche, les jeunes ont appelé le Gouvernement à « prendre des engagements fermes pour sévir contre toute personne impliquée dans le mariage d’un enfant avant l’âge de 18 ans ».
« Le Code de l’Enfant interdit le mariage des enfants avant 18 ans sous peine de sanctions », a déclaré Dr Anne Vincent, Représentante de l’UNICEF en tête de cortège aux côtés des jeunes. « L’engagement doit être total contre le mariage des enfants car cette pratique détruit non seulement les filles et les garçons qui la subissent mais elle déchire le tissu social, le bien-être et la prospérité de la société toute entière », a-t-elle ajouté.
Quand les enfants sont mariés, leurs perspectives de mener une vie saine et réussie diminuent considérablement, enclenchant un cycle de pauvreté qui se perpétue de générations en générations. Les filles mariées pendant leur enfance ont moins de chances d’achever leur scolarité, risquent davantage d’être victimes de violences, d’avoir des complications lors de l’accouchement et d’être infectées par le VIH. Les enfants de mères adolescentes ont un plus grand risque d’être mort-nés, de décéder juste après la naissance ou d’avoir un poids insuffisant à la naissance.
« Nous marchons pour dire aux autorités, aux administratifs, aux leaders religieux et traditionnels de ne pas se comporter comme des complices de ce fléau qu’est le mariage des enfants », a plaidé Marielle Mahulé Dégboé, Présidente de la Section Béninoise du Réseau Ouest-Africain des Jeunes Femmes Leaders.
Elle a par ailleurs précisé que « la marche s’inscrit dans la démarche de la campagne nationale Tolérance Zéro aux violences et abus sexuels faits aux enfants y compris le mariage des enfants ». « Quand l’on pense qu’au Bénin, une fille sur 10 âgée de moins de 15 ans est mariée et trois filles sur 10 le sont avant l’âge de 18 ans, c’est terrible », a déploré Jonas Kindafodji, membre des Jeunes Ambassadeurs pour la Santé de la Reproduction des Adolescents et pour la Planification Familiale au Bénin. « Nous sommes là pour changer les choses. Nous appelons les hommes politiques, les députés, les partenaires techniques et financiers qui injectent beaucoup de fonds dans la coopération et la société civile à orienter leurs actions pour lutter contre le mariage des enfants et contre les violences faites aux enfants ! », a-t-il ajouté.
La Ministre du Travail, de la Fonction publique et des Affaires sociales, Adidjatou Mathys, qui a marché aux côtés des jeunes et de la Représentante de l’UNICEF a fait savoir que le Gouvernement allait organiser « un cadre de concertation pour faire le bilan de toutes les actions menées pour le bien-être de l’enfant » et que « la sensibilisation sur le mariage des enfants allait se poursuivre et serait suivie des sanctions ».
« Si j’avais été mariée enfant je n’occuperai pas la place que j’occupe aujourd’hui dans la société », a conclu la Ministre. Dans le monde, toutes les deux secondes, une jeune fille est mariée, avant même d’avoir atteint la maturité physique ou émotionnelle requise pour devenir épouse ou mère. Si nous n’agissons pas, le nombre de filles épouses doublera d’ici 2050 et l’Afrique deviendra la région avec le plus grand nombre de filles-épouses au monde.