Journée « ZERO DISCRIMINATION »
Allocution de M. Koudaogo Ouedraogo, Coordonnateur Résident a.i. de l'ONU au Bénin à l’occasion de la Journée de lutte contre la Stigmatisation du VIH/SIDA.
Excellence Madame la Première Dame ;
Monsieur le Secrétaire Exécutif du Conseil National de Lutte contre le SIDA (CNLS)
Excellence Monsieur le Directeur Exécutif de l’ONUSIDA,
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et représentants des organisations internationales,
Chers Collègues, Chefs d’Agence du Système des Nations Unies,
Monsieur le Président du Réseau Béninois des Associations de Personnes vivant avec le VIH (ReBAP+)
Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile,
Excellence
Distingués invités;
C’est un honneur pour moi de prendre part à cette cérémonie de commémoration de la Journée Mondiale de lutte contre la Stigmatisation liée au VIH/SIDA. C’est la PREMIERE Campagne du genre en République du Bénin, pour aider à réduire la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes des milliers de Personnes vivant avec le VIH.
Depuis 2002, l’épidémie de VIH est stationnaire au Bénin avec une prévalence qui oscille autour de 1,2% au sein de la population générale sans différence significative entre les années selon le dernier rapport sur les OMDs (2015). De plus, la proportion de personnes infectées par le VIH/SIDA et soumises aux traitements antirétroviraux augmente chaque année. Elle passe de 12 078 en 2008 à 33 602 en 2015 dont 1845 enfants.
Cependant, il faut souligner que la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH/SIDA rend difficile l’évaluation exacte de l’expansion de l’épidémie ; elle rend lente la mise en œuvre de la riposte nationale.
Excellence,
Distinguées invités,
Depuis des années, les experts, les chercheurs et les personnes vivant avec le VIH ont identifié la stigmatisation et la discrimination comme étant des facteurs majeurs de propagation de l’épidémie de VIH. En 1987, Jonathan Mann, alors Directeur du Programme mondial de Lutte contre le sida de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), identifiait trois composantes à l’épidémie de VIH : la première était le VIH, la deuxième le sida, et la troisième la stigmatisation, la discrimination et le déni. Il prédisait alors que la stigmatisation, la discrimination et le déni prendraient une importance comparable à celle de la maladie elle-même. Trente ans plus tard, il est tragique de constater que la stigmatisation et la discrimination demeurent des problèmes cruciaux, à un moment où le traitement est de plus en plus accessible, et où la prévention du VIH est non seulement de plus en plus possible, mais essentielle.
Nous devons donc reconnaitre que la stigmatisation et la discrimination rendent les personnes à risque moins disposées à se faire tester et empêchent les personnes déjà atteintes de rechercher un traitement, des soins et du soutien. Si les personnes infectées ou affectées par le VIH sont maltraitées ou blâmées pour leur situation, l'épidémie devient clandestine, ce qui crée les conditions idéales pour la propagation continue du VIH.
Les résultats de l’enquête index Stigma des personnes vivant avec le VIH de 2015, réalisée avec l’appui du Système des Nations Unies, démontrent bien que la discrimination sévit toujours à un degré encore préoccupant au Bénin. 30% au moins des personnes vivant avec le VIH qui ont été interrogées ont fait l’expérience de renvoi, de suspension ou d’interdiction d’accès dans une structure/maison à cause de leur statut sérologique. De plus, 37,0% parmi eux ont perdu leur emploi à cause du mauvais état de leur santé ; 38,4% des enquêtés ont dû changer de lieu de résidence à cause de leur état sérologique. Aussi, la discrimination affecte de façon disproportionnée les membres de la population qui sont souvent les plus marginalisés et exclus. Ceux-ci peuvent inclure les femmes; les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes; les consommateurs de drogues injectables; et les prisonniers.
Sur la base de ce constat, je voudrais partager avec vous deux messages importants :
Le premier message est le suivant: Le sida n'est plus simplement un phénomène médicoscientifique, dévastateur de l’état de santé d’un individu. Mais c’est un fléau qui met aussi en doute les valeurs fondamentales de notre société, telles que la compassion, la justice et la solidarité.
Vous comprenez donc que lutter contre le VIH/SIDA ne concerne pas seulement un individu isolé mais également sa famille, sa communauté, son village, bref son pays tout entier.
Sur cette base, je voudrais paraphraser le Président du Comité de lutte contre l'épidémie d'infection au VIH (1988) « le jugement que l'on porte sur une société dépend de la réaction qu'elle affiche envers les membres qui ont le plus besoin de son aide. Une tragédie telle que l'épidémie d'infection par le VIH force une société à réexaminer ses valeurs fondamentales et lui donne l'occasion de réaffirmer sa compassion, son sens de la justice et la dignité de tous ses membres ».
Excellence
Distingués invités ;
La Commémoration de cette journée nous offre ainsi l’occasion de réexaminer nos valeurs fondamentales et culturelles afin de donner une meilleure image à la société béninoise jadis très solidaire. C’est pourquoi, je voudrais saluer l’engagement de toutes les parties prenantes, notamment du Gouvernement Béninois, l’initiateur de la présente Journée, qui nous rappelle le rôle de chacun à l’endroit des personnes infectées. Je salue également l’initiative de la mise en place d’un plan national de lutte contre la discrimination qui faciliterait l’acceptation et la réinsertion sociale des personnes infectées. Au nom de tous les Partenaires Techniques et Financiers, je salue très particulièrement l’engagement de la Première Dame et de sa Fondation à redonner espoir à ces personnes pour la plupart vulnérables.
Excellence
Distingués invités
Mon second message est de dire que la discrimination est une violation des droits de l’homme qui ne doit pas rester sans réponse, comme a déclaré Ban Ki-moon, ancien Secrétaire Général des Nations Unies. « Tout le monde doit avoir la possibilité de vivre dans le respect et la dignité ».
Parlant de droits humains, la Constitution béninoise nous rappelle que le Bénin a pour principe de reconnaître la dignité et la valeur de toute personne et d'assurer à tous, les mêmes droits et les mêmes chances, sans discrimination. Les dispositions de cette Constitution visent à créer un climat de manière à ce que chacun se sente partie intégrante de la communauté et apte à contribuer pleinement à celle-ci.
Aussi, la Loi 2005-31 du 10 avril 2006, portant prévention, prise en charge et contrôle du VIH/sida en république du Bénin, vient en renfort à l’amélioration de cet environnement juridique et à l’enracinement de la solidarité envers ces personnes vulnérables.
L’effort reste donc à chacun de nous, à toute la communauté à mettre en pratique nos textes et lois adoptées afin de redonner espoir et dignité aux personnes infectées ou affectées par le VIH. Le VIH n’est plus une maladie honteuse ni un tabou. Il faut oser en parler et poser des questions si l’on a des doutes ou si l’on pense adopter un comportement à risque qui peut mettre en danger la vie des autres.
Notre principal défi est d’empêcher l’épidémie de rebondir. Et pour ce, nous devons le combattre sur tous les fronts. Il nous faut plus que jamais, doubler d’effort afin que certains groupes ciblés aient accès à tout l'éventail des services, dans la dignité et le respect pour qu’à l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; que 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable et que 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée.
Excellence
Distingués invités ;
Je tiens, pour finir, à réitérer que le Système des Nations Unies en collaboration avec les autres Partenaires, ne ménagera aucun effort à soutenir le Bénin dans la promotion d’un environnement favorable à la protection des droits humains en rapport avec le VIH dans le but d’atteindre «zéro discrimination lié au VIH, zéro nouvelle infection, zéro décès lié au VIH».
Ensemble combattons la discrimination en tendant la main à nos frères et sœurs infectées ou affectées par le Virus, et en les soutenant.
Vive la Journée Zéro Discrimination
Je vous remercie de votre attention.