Au Bénin, les jeunes développent des solutions innovantes pour lutter contre la pandémie.
Vingt jeunes femmes béninoises déscolarisées, âgées de 16 à 24 ans, vont apprendre à coudre des masques et à produire du savon liquide, puis vont pouvoir suivre des formations sur les mesures de prévention anti-COVID-19, la santé sexuelle et procréative, les violences fondées sur le genre et les compétences de base en matière de direction et d'entrepreneuriat féminin.
"Notre idée est de sensibiliser, former, encadrer et autonomiser ces jeunes filles, pour qu’elles puissent à leur tour avoir un impact sur 1.000 autres jeunes filles dans leur communauté. Nous pensons que c'est tout à fait réalisable", a expliqué Sèna Montonhessa, l'une des responsables du projet Gnonnou Asuka, un terme qui signifie en français "femme capable et courageuse".
Gnonnou Asuka est l'un des douze projets sélectionnés par l'UNICEF et ses partenaires au Bénin dans le cadre d'un défi d'innovation lancé aux jeunes entrepreneuses et entrepreneurs les invitant à proposer des solutions en matière d'éducation, de santé et d'accompagnement social pendant la pandémie. Les participants ont présenté les solutions qu’ils avaient développées en février dernier, lors d'un hackathon baptisé « HackCovid-19 Benin Challenge » et s’apprêtent à présent à mettre en œuvre ces solutions.
"Hacker" la pandémie
Ce hackathon a été parrainé par les membres de la "Task Force Innov COVID-19 Bénin", qui comprend l'Agence de développement de Sèmè City (ADSC), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP Bénin), Sèmè City, l’école Epitech, l'Association des blogueurs du Bénin et la Fondation MTN.
"L'objectif de cette initiative est à la fois de soutenir les solutions apportées par les jeunes mais aussi de mobiliser de nouveaux partenaires pour continuer à les accompagner dans leur démarche d'entrepreneuriat social", a déclaré Djanabou Mahondé, Représentante de l'UNICEF au Bénin.
Barbara Laurenceau, Représentante du FNUAP, a quant à elle indiqué : "L'innovation est à la fois un moyen d'accélérer le développement de solutions pour lutter contre la pandémie, mais aussi un moyen formidable pour permettre aux jeunes filles et aux jeunes hommes de jouer leur rôle dans le développement de solutions citoyennes et économiques inclusives et durables".
Avec l'aide de l'intelligence artificielle
Une autre équipe de jeunes entrepreneurs a proposé ce qu'elle a appelé le "Chatbot Asuka", un agent conversationnel virtuel (traduction française de "Chatbot") qui utilise l'intelligence artificielle pour fournir aux jeunes des informations fiables sur la COVID-19 à toute heure du jour et de la nuit. Les internautes peuvent ensuite partager ces informations via les réseaux sociaux.
Alvin Kassa, l'un des deux initiateurs de ce projet, explique que cet agent conversationnel virtuel ne se contente pas de fournir des informations : il les collecte également. "Grâce à la veille sociale, Asuka va générer des données importantes sur les préoccupations majeures des jeunes pour permettre aux décideurs de les prendre en compte dans la résolution des problèmes de développement", précise-t-il.
Cet agent conversationnel virtuel, disponible sur Facebook Messenger, a été développé comme un outil numérique dans le cadre de l'initiative U-Report Bénin, une initiative destinée à mobiliser les jeunes sur les questions qui les concernent.
"Durant les premiers mois, Asuka se concentrera sur la thématique du coronavirus. Mais nous prévoyons de l'enrichir progressivement avec de nouveaux thèmes : éducation, sexualité, violence basée sur le genre, puis, à long terme, de le rendre disponible dans d'autres langues comme l'anglais et nos langues locales via d'autres réseaux sociaux", a ajouté Alvin Kassa.
Des solutions pour la pandémie et au-delà
Samya Barfleur-Dancale, responsable de l'écosystème des apprenants à l'Agence de développement de Sèmè City, l'un des partenaires de HackCovid-19, s’est exprimée : "Les acteurs des secteurs privé et public peuvent travailler main dans la main avec ces jeunes pour leur permettre d'assurer la pérennité de leurs solutions ".
L'un des partenaires issus du secteur privé est Epitech Bénin, une école d'informatique. La directrice du développement de l'école, Johanne Bruffaerts, a déclaré : "Nous soutenons le « HackCovid-19 Challenge » car les solutions présentées sont toutes très pertinentes et resteront viables au-delà de la crise sanitaire." Epitech est particulièrement intéressée par l’accompagnement des projets ayant une dimension numérique.
L'UNICEF offre à chaque équipe lauréate jusqu'à 10.000 dollars pour l'aider à mettre en œuvre la phase pilote de son projet.
S'adressant aux 12 lauréats du défi, Djanabou Mahondé, Représentante de l'UNICEF au Bénin, a souligné : "Dans un pays où deux jeunes sur trois ont moins de 25 ans, il est de notre devoir de vous écouter, de vous soutenir et de vous aider à réaliser votre plein potentiel pour imaginer le futur dont vous rêvez".