Cérémonie d’ouverture de la semaine du monde professionnel
Allocution de Madame Nardos Bekele-Thomas, Coordonnateur Résident du Système des nations unies, et Représentant Résident du PNUD.
Campus d’Abomey-Calavi, le 15 avril 2013
Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi,
Messieurs les Vices-Recteurs,
Mesdames et Messieurs les Professeurs en vos grades respectifs,
Monsieur le Maire de la commune d’Abomey-Calavi,
Mesdames et Messieurs les représentants du secteur privé,
Distingués invités en vos titres, rangs et qualités, toutes formes de préséance respectées,
Mesdames, Messieurs,
Qu’il me soit permis de saluer les responsables d’institutions, les Partenaires Techniques et Financiers, les partenaires sociaux, le secteur Pivé qui de par leur présence aujourd’hui expriment ainsi leur intérêt à la résolution des problèmes liés à l’emploi des jeunes.
Selon le rapport annuel de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur l’emploi mondial (2012), le monde est confronté au «défi pressant» de créer 600 millions d’emplois productifs au cours des dix prochaines années en vue de générer une croissance durable et de maintenir la cohésion sociale. Ceci révèle le caractère crucial, préoccupant, inquiétant et même urgent de la création d’emplois. Parmi les pays qui sont confrontés à ce défi chronique figure, en bonne place, à l’instar de la quasi-totalité des pays en voie de développement, le Bénin (sans parler des autres).
Au niveau international, l’emploi des jeunes est devenu un thème majeur des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Cela a été réaffirmé par le Débat de haut niveau 2006 du Conseil Economique et Social de l’ONU qui s’est engagé à «développer et mettre en œuvre des stratégies qui donnent aux jeunes partout dans le monde une chance réelle et égale d’accéder au plein emploi productif et au travail décent».
Au niveau de nos états, la réponse à la problématique de l’emploi s’est traduite par l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de réduction de la pauvreté avec la prise en compte de la question de l’emploi comme un axe prioritaire.
Il convient de dire que la question de l’emploi des jeunes demeure un vaste chantier qui devrait retenir toute l’attention de l’ensemble des acteurs.
Alors, l’on pourrait se demander ce que vient chercher l’université dans ce contexte ! La réponse est à la fois simple et complexe.
En effet, l’Université forme des cadres, des jeunes et peut, de ce fait, aggraver le chômage, le manque ou le sous-emploi, ou au contraire faciliter ou même assurer l’absorption des diplômés qu’elle met sur le marché du travail chaque année.
C’est dire que la question de l’adéquation entre la formation et l’emploi est une question fondamentale qui mérite qu’on l’appréhende avec toute l’attention, la délicatesse et le doigté requis. D’où l’importance et tout l’intérêt de la semaine qui s’ouvre ce jour.
C’est à ce titre que je salue fortement la tenue du présent séminaire, que je ne doute qu’il ne puisse pas apporter des réponses appropriées à l’épineuse question de l’adéquation emploi formation/formation emploi.
En effet, le développement de la formation professionnelle et la professionnalisation des formations à tous les niveaux d’enseignement, y compris à l’université, apparaissent comme des exigences fortes de notre société. Mieux former les jeunes aux besoins de l’économie faciliterait leur insertion professionnelle et résoudrait une grande partie des problèmes de chômage. Il s’agit donc de diversifier l’offre de formation et de promouvoir l’allongement des études de manière à doter les nouvelles générations des compétences professionnelles et des capacités d’adaptation nécessaires aux entreprises pour faire face aux évolutions technologiques de plus en plus rapides. Il ne s’agit pas seulement de former plus longtemps les jeunes mais bien de leur donner, à tous les niveaux d’études, des compétences spécifiques indispensables à l’exercice d’une activité professionnelle bien identifiée.
Au fond, cette 1ère édition de la Semaine du monde professionnel (SEMOP) qu’organise l’Université d’Abomey-Calavi vient à point normé pour faciliter l’insertion, notamment celle des nouveaux diplômés de l’Université ; mais surtout pour provoquer et déclencher une sorte de reflexion/action pour relever des défis capitaux. Et lorsque l’on comprend l’importance d’un tel événement, on est tenté de se demander comment se peut-il qu’il n’ait pas eu lieu bien plus tôt !
En effet, la qualification professionnelle conditionne de plus en plus l’employabilité des jeunes qui doivent être mieux préparés à saisir les opportunités d’emploi. La promotion de la formation professionnelle reste donc le canal par excellence pour mettre sur le marché de l’emploi des compétences.
Cependant, le système actuel de formation professionnelle ne permet pas de faire face à l’ampleur et à la diversité des besoins en qualification professionnelle.
Le Bénin dispose d’un potentiel considérable de ressources humaines dont la mise en valeur dans le cadre d’une croissance orientée vers la maximisation des possibilités de formation à finalité d’emploi est compatible avec un développement économique durable.
En tout cas, cette initiative majeure me parait salutaire. Elle vise, à terme, à relever plusieurs défis aussi importants les uns que les autres. Ainsi en est-il, non seulement de la question de l’adéquation entre la formation et l’emploi, mais encore de la question des filières les plus porteuses, donc de l’orientation ou des choix de formation, de la question de la participation du secteur privé à la formation et du partenariat entre le privé et l’Université pour l’insertion des jeunes diplômés etc. Il ne faut pas se faire d’illusions ! Ces défis sont nombreux, complexes et leur non résolution risque d’en faire de véritables bombes à retardement dont l’explosion deviendra de plus en plus probable et inexorable au fur et à mesure que le temps passent, que la situation du chômage et du sous-emploi s’aggrave. Si ces bombes devraient sauter un jour, à Dieu ne plaise, soyons certains qu’elles ne sauraient laisser personne indemne, personne !
Il nous faut donc, résolument et sans être avare ni même économe d’efforts, faire assaut d’initiatives, rivaliser d’imagination, oser des solutions nouvelles pour inverser la courbe dramatique du non ou du sous-emploi.
Distinguées autorités du monde universitaire, du secteur privé et de tous les secteurs concernés par ces défis, chers invités,
C’est à cela que je vous invite, c’est à cela que je nous invite et engage. Le terme « engager » utilisé ici n’est pas trop fort, vous en conviendrez bien car, en définitive, il s’agit de rendre l’avenir meilleur, voire radieux pour nos enfants, et donc pour nous-mêmes aussi. Il s’agit de rendre l’existence plus vivable et plus épanouissante pour eux. Rien de moins !
Pour terminer mes propos, je souhaiterais réaffirmer le fait que le thème de l’atelier est bien à propos dans le contexte actuel. En effet, il lance la réflexion concernant les voies et moyens pour permettre aux jeunes qui sortent du système éducatif de pouvoir s’insérer sur le marché de l’emploi.
Les communications qui vont être développées par les différents experts vont permettre de partager les expériences en matière d’emploi des jeunes et de dégager des stratégies pour renforcer la formation professionnelle afin qu’elle procure des connaissances pouvant améliorer l’accès des jeunes à l’emploi.
La volonté politique manifeste de prendre en main le développement du pays en agissant en profondeur sur la structure éducative est un enjeu considérable qui va bouleverser les fondements mêmes de la société béninoise au travers des éléments les plus forts : la structure de l’emploi, l’organisation des rapports aux savoirs, la formalisation des compétences à acquérir et donc des savoirs à enseigner. Cet ensemble complexe doit se construire de manière originale, il s’agit de penser globalement pour agir localement.
Si nous le voulons réellement et que nous savons nous en donner les moyens, nous le ferons. Nous y arriverons. Mesdames et Messieurs, croyez-moi, nous le pouvons ! Nous le devons car nous n’avons pas le choix !
Je vous remercie de votre précieuse attention.