36ÈME RÉUNION DE HAUT NIVEAU DES CHEFS DES MISSIONS DE PAIX DE L’ONU EN AFRIQUE DE L’OUEST
15 novembre 2021
Dakar, le 15 novembre 2021 -À l’invitation du Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh ANNADIF, les Chefs de Missions des Nations Unies dans l’espace Afrique de l’Ouest/Sahel ont tenu, le 15 novembre 2021 à Dakar, au Sénégal, leur 36ème Réunion de haut niveau élargie a l’UNOCA.
Les objectifs de la réunion étaient de partager des idées et échanger des points de vue sur la dynamique Paix et Sécurité dans les zones d’opération des missions respectives, et de renforcer la coordination afin d’apporter une réponse efficace de l’ONU à l’expansion des activités terroristes vers les pays des côtes du Golfe de Guinée, et aux tensions intercommunautaires croissantes, entre autres, les agriculteurs et les éleveurs.
Étaient présents le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) François Louncény FALL ; le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali (MINUSMA), El Ghassim WANE ; le Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, Abdoulaye Mar DIEYE ; et le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh ANNADIF. Ont également participe, les Coordonnateurs résidents des Nations Unies pour le Bénin - Salvator Niyonzima ; le Burkina Faso - Barbara Manzi ; le Niger - Louise Aubin ; et le Sénégal - Siaka Coulibaly. Le Bureau de coordination des Nations Unies pour le développement en Afrique était également représenté.
Les discussions ont porté sur les tendances politiques, socio-économiques et sécuritaires en Afrique de l’Ouest et au Sahel et leur impact sur les régions voisines, y compris la région de l’Afrique centrale. Les participants ont notamment constaté la détérioration du contexte sécuritaire au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ainsi que dans le bassin du lac Tchad. Ils ont souligné la nécessité d’une approche multidimensionnelle et régionale pour s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité et ont appelé à une coopération renforcée entre tous les acteurs concernés et les gouvernements concernés.
- Les chefs de mission se sont déclarés profondément préoccupés par la violence à l’encontre de la population civile, principalement des femmes et des enfants, et des forces de sécurité et de défense. Ils ont déploré qu’au Mali, au Niger et au Burkina Faso, les groupes armés terroristes aient étendu leur présence, malgré les efforts continus des gouvernements respectifs, ce qui a entraîné un nombre sans précédent de personnes déplacées à l’intérieur des pays. Ils se sont félicités de la détermination collective dans le cadre de l’Initiative d’Accra à renforcer le partenariat transfrontalier. Les participants ont également encouragé la poursuite des dialogues politiques en cours au Niger et en Côte d’Ivoire, et ont encouragé les échanges entre la CEDEAO et les autorités de transition en Guinée et au Mali pour un retour à l’ordre constitutionnel.
- En ce qui concerne le Mali, les chefs de mission ont pris note du communiqué publié par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le 7 novembre. Ils ont encouragé les Autorités de la transition à travailler avec la CEDEAO à la finalisation rapide d’un calendrier énumérant toutes les mesures à prendre pour la tenue rapide des élections.
- Reconnaissant que la stabilisation du Mali dépende de la mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix et de réconciliation de 2015 et à la stabilisation de la région du Centre, les chefs de mission ont souligné la nécessité pour les Parties maliennes de parvenir à un accord dans le cadre du processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR). Ils se sont félicités de la proposition du gouvernement de l’intégration de 13.000 combattants en 2021 et 13.000 autres dans les deux à trois ans à venir comme une très bonne base pour mener à bien les DDR global tel que prévu par l’accord de paix. Ils se sont félicités des efforts actuels des autorités de la transition pour l’élaboration d’une stratégie visant à améliorer la situation sécuritaire dans la région du Centre, notamment en réduisant la violence intercommunautaire et en assurant une présence effective de l’État dans les zones affectées.
- S’agissant des efforts de la Force conjointe du G5-Sahel, les chefs de mission ont appelé à une mutualisation accrue des ressources des pays du G5 afin d’accroître l’efficacité de la Force.
- Les chefs de mission ont noté avec satisfaction les progrès du Gouvernement béninois en matière d’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. Ils ont encouragé également les efforts en cours du Coordonnateur Résident et de l’Equipe pays des Nations Unies pour travailler avec le Gouvernement afin de faire face au risque lié a l’extrémisme violent dans la région et renforcer la résilience des communautés frontalières.
- Les chefs de mission ont pris note des mesures adoptées par le Gouvernement burkinabè pour s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, notamment les processus de réconciliation nationale et de cohésion sociale en cours, ainsi que la réforme globale du secteur de la sécurité. Les chefs de mission encouragent également le dialogue avec toutes les parties prenantes dans des contextes communautaires et traditionnels dans le but de juguler l’instabilité persistante dans le pays.
- Les chefs de mission ont accordé une attention particulière aux efforts déployés par le Niger pour maintenir la cohésion sociale et l’intégrité territoriale, notamment à travers les actions de la Haute Autorité pour la Consolidation de la Paix, une institution clé soutenue par les partenaires internationaux et les Nations Unies pour opérationnaliser les initiatives de consolidation de la paix avec les jeunes et les femmes. Les Chefs de mission ont salué l’action de la Commission électorale nationale indépendante qui a permis d’organiser des élections inclusives sur tout le territoire.
- Les chefs de mission se sont félicités du dialogue politique en cours au Sénégal. Ils se sont déclarés satisfaits des étapes importantes franchies jusqu’à présent et ont noté qu’un accord consensuel sur un nouveau code électoral avant les élections locales permettra de consolider davantage le bilan du Sénégal en matière de gouvernance démocratique. Ils se sont félicités des efforts déployés par le Gouvernement en faveur de l’emploi, dans le cadre du Programme d’urgence pour la création d’emplois et l’insertion socio-économique des femmes et des jeunes. En outre, ils ont salué les mesures de prévention en cours pour faire face à tout risque potentiel de terrorisme dans les zones frontalières. Ils ont encouragé les efforts du Gouvernement dans la promotion de la bonne gouvernance et la stabilité conformément au Plan Sénégal Emergent, avec l’appui du Coordonnateur Résident, de l’Equipe pays des Nations Unies et des partenaires au développement.
- Les chefs de mission ont réitéré la nécessité pour les Nations Unies de continuer à travailler en étroite collaboration avec la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Africaine et les autres institutions régionales et sous-régionales. Ils ont également appelé la CEDEAO et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) à intensifier leurs interactions, y compris en matière de sécurité maritime et dans la mise en œuvre de la Stratégie régionale pour la stabilisation.
- Les chefs de mission ont pris note de la recommandation de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO de réviser et d’adapter le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Ils ont salué cette étape positive vers la consolidation de la gouvernance démocratique dans la région.
- Tout en félicitant la Force Multinationale Mixte (FMM), la Force du G5 Sahel et les Forces de sécurité et de défense des pays affectés par un conflit, les chefs de mission ont exprimé leurs préoccupations face au cycle de violence communautaire, y compris les violences basées sur le genre, les enlèvements contre rançon, affrontements entre éleveurs et agriculteurs, et la situation humanitaire difficile dans les pays du bassin du lac Tchad. Les chefs de mission ont souligné la nécessité d’une approche holistique pour relever les défis posés par les organisations terroristes et les autres acteurs illégaux, en mettant l’accent sur les impératifs de sécurité, le respect des droits humains et de l’état de droit, la bonne gouvernance, tout en encourageant le financement adéquat de l’action humanitaire, pour la la mise en œuvre efficiente de la Stratégie régionale pour la stabilisation (RSS).
- Les chefs de mission ont pris note de l’exposé du RSSG FALL sur la situation en Afrique centrale et des efforts déployés par les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour promouvoir la paix, la stabilité, l’égalité des sexes, la bonne gouvernance et le développement socio-économique dans la sous-région. Ils ont réitéré l’engagement des Nations Unies à fournir un soutien continu à la Commission de la CEEAC dans la mise en œuvre de sa vision stratégique quinquennale et de ses priorités en matière de paix et de sécurité. Ils ont félicité l’UNOCA et l’UNOWAS pour leurs efforts conjoints visant à sensibiliser à la situation dans le bassin du lac Tchad et à mobiliser un appui politique et financier accru en faveur de la Force multinationale mixte et de la mise en œuvre de la Stratégie régionale de stabilisation des zones touchées par Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad. Ils se sont également félicités de la détermination des deux bureaux régionaux à continuer de travailler en étroite collaboration avec la CEEAC et la CEDEAO à l’appui de la mise en œuvre de la Déclaration de Lomé sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique centrale et de l’Ouest. Ils se sont engagés à soutenir plus opérationnalisation du Centre de coordination interrégional pour la mise en œuvre de la Stratégie régionale pour la sûreté et la sécurité maritimes en Afrique centrale et occidentale.
- Les chefs de mission ont pris note des conclusions de la 12ème réunion du Comité de pilotage de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS), qui s’est tenu à Dakar (Sénégal) les 3 et 4 novembre 2021 ; ils ont rappelé les différentes déclarations du Conseil de sécurité et du Conseil Economique et social des Nations Unies (ECOSOC) sur la centralité de l’UNISS, et pour une mise en œuvre intégrée de l’UNISS. Ils ont en outre appelé à la mobilisation de l’Union Africaine et les autres partenaires à la mise en œuvre de l’UNISS. Ils ont également réitéré leur engagement à la mobilisation en faveur de la plateforme ministérielle de coordination.
- Les chefs de mission ont exhorté les gouvernements et les parties prenantes concernées à continuer d’améliorer le cadre législatif et institutionnel pour le respect des droits humains, qui sont essentiels à la consolidation démocratique. La réunion a également reconnu les efforts visant à promouvoir l’égalité en matière de genre dans la région, mais a appelé à des progrès significatifs, en particulier en ce qui concerne la participation effective des femmes aux processus politiques et de consolidation de la paix à tous les niveaux, ainsi que la mise en œuvre concrète des lois et l’allocation de fonds pour la mise en œuvre des plans d’action nationaux sur la Résolution 1325 (2000) du Conseil de Sécurité des Nations Unies
- Les chefs de mission ont félicité les gouvernements du Cameroun et du Nigéria pour les progrès accomplis dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de la Commission mixte Cameroun-Nigéria et se sont réjouis de la tenue prochaine de la réunion commission mixte à Yaoundé.
- Les chefs de mission ont convenu de poursuivre leur coopération dans les domaines liés à la gouvernance, et de renforcer l’échange d’informations entre leurs missions respectives.
- Les participants ont exprimé leur gratitude au RSSG Mahamat Saleh ANNADIF pour l’accueil dont ils ont bénéficié et ont convenu que le lieu de la prochaine réunion sera Bamako en mai 2022.