Prendre un nouveau départ dans la vie
Une seconde chance s’offre aux jeunes dans le nord du Bénin
Dans beaucoup de régions du monde, les filles, les adolescent(e)s, les jeunes handicapés, les jeunes issus de communautés rurales et les jeunes en situation de vulnérabilité continuent à souffrir des effets de la pauvreté, de l’instabilité, du dérèglement climatique et de la pandémie de COVID-19. Il est donc plus indispensable que jamais de les aider à acquérir les compétences techniques et professionnelles qui leur permettront d’accéder plus facilement au marché du travail.
C’est ce que s’emploie à faire l'équipe de l’ONU au Bénin sous la direction du Coordonnateur résident Salvator Niyonzima, comme le montre ce récit.
Sans formation, l’espoir de réaliser ses rêves reste mince
"J’ai quitté l’école à l’âge de dix ans. Je concassais des pierres pour subvenir à mes besoins et à ceux de mes quatre frères et sœurs", a expliqué Émile, 15 ans, au Coordonnateur résident Salvator Niyonzima, venu en visite en mars 2022 à Natitingou, une commune du département de l’Atacora, dans le nord-ouest du Bénin, accompagné de représentants de l’UNICEF, de l’UNFPA, du PAM et de l’OMS.
Émile a abandonné l’école au niveau du cours préparatoire après le décès de sa mère. Son père ayant renoncé à prendre en charge ses enfants, le jeune garçon a dû subvenir tout seul aux besoins de la fratrie en travaillant pendant cinq ans dans des carrières de concassage de pierres avec, pour seul soutien, l’aide occasionnelle d’un de ses oncles.
Il avait prévu de se rendre au Nigéria pour y travailler comme ouvrier agricole, à défaut de pouvoir financer sa passion : la mécanique. Il se préparait donc à quitter ses proches à contrecœur, lorsqu’un jour, il croisa la route d’un des bénéficiaires d’un projet de l’UNICEF baptisé "PReCoV" (*).
Cette rencontre a changé sa vie. Après s’être inscrit auprès d’une association locale en charge de la mise en œuvre du projet, Émile a pu suivre une formation chez un maître mécanicien-automobile, bénéficier de la prise en charge de ses frais de formation et se voir offrir un blouson et une paire de chaussures adaptées, indispensables pour mener à bien son apprentissage.
"Je suis content de mon apprentissage. J’ai toujours rêvé de devenir mécanicien. Dès l’obtention de mon diplôme, d’ici quatre ans, j’ouvrirai mon propre garage à Natitingou", s’est félicité Émile, le sourire aux lèvres.
Diplômés et au chômage : un paradoxe qui touche de nombreux jeunes
"J’ai enfin pu réaliser mon rêve !" s’est exclamée Clarisse, 23 ans, originaire de Natitingou elle aussi, en racontant son expérience du projet PReCoV à M. Niyonzima.
Malgré un diplôme en agronomie, Clarisse est restée au chômage pendant trois longues années et a fini par perdre tout espoir de trouver un emploi.
"Après ma formation en agronomie, je n’avais personne pour m’aider à réaliser mes rêves. Je passais mes journées à ne rien faire jusqu’au jour où j’ai entendu parler à la radio du projet PReCoV pour l’insertion des jeunes", a relaté la jeune femme.
Clarisse a déposé sa candidature et a été retenue. Elle a ainsi pu suivre des cours sur la gestion financière et les activités génératrices de revenus et a reçu une aide financière d’environ 125 US dollars qui lui a permis de lancer un élevage de volailles.
"Mon rêve, c’est de pouvoir fournir des produits bio et satisfaire la demande en protéines animales dans ma localité, car l’offre, à l’heure actuelle, n’est pas suffisante pour répondre aux besoins", a confié la jeune entrepreneuse.
Dans quelques années, Clarisse pourra peut-être même approvisionner les écoles locales de l’Atacora en volailles, en partenariat avec le PAM, qui travaille à renforcer la sécurité alimentaire au Bénin à travers des programmes pour cantines scolaires.
Saisissant l'occasion de la présence de la délégation onusienne pour s'adresser aux autres filles béninoises et à leurs parents, la jeune femme a lancé un appel :
"Aux autres filles qui m’écoutent, je voudrais dire : armez-vous de courage ! Même si vous manquez de moyens, ne vous découragez pas. Battez-vous et montrez qu’une fille peut réussir. Et à tous les parents qui refusent de scolariser leurs filles, je voudrais montrer de quoi nous, les filles, nous sommes capables quand on nous donne accès aux mêmes chances qu’aux garçons".
L’ONU mobilisée sur le terrain pour la réintégration économique et sociale des jeunes
Saluant la combattivité d'Émile et de Clarisse, M. Niyonzima a assuré : "L’ONU sera toujours présente pour appuyer et encourager ce genre d’initiatives. La synergie d’actions entre l’ONU et ses partenaires permettra de sortir des milliers de jeunes filles et garçons de situations difficiles, pour leur autonomisation".
"Dans un pays où deux personnes sur trois ont moins de 25 ans, renforcer la résilience des jeunes face aux chocs et aux risques est essentiel, non seulement pour contribuer au développement du pays mais aussi pour permettre à chaque enfant et jeune de faire valoir ses droits et de vivre en sécurité et dans la dignité ", a commenté pour sa part Djanabou Mahondé, Représentante de l'UNICEF au Bénin.
Plus de 7.360 jeunes et adolescents(e)s bénéficient des activités du projet PReCoV. Grâce notamment à des formations, à des stages et à des aides financières, ces jeunes pourront acquérir l’autonomie qui leur permettra de réaliser leur potentiel et de se sentir socialement intégrés.
Mais le projet PreCov va au-delà de l’objectif d’autonomisation économique. Il permet aussi, dans plus de 212 villages, de mobiliser des milliers d’enfants, d’adolescent(e)s, de jeunes et de parents, ainsi que des centaines de leaders religieux et traditionnels et plusieurs radios communautaires pour promouvoir l’éducation des filles, lutter contre les violences faites aux enfants et préserver la paix et la cohésion sociale.
"La visite conjointe que nous avons effectuée dans le nord du Bénin, la première depuis ma prise de fonctions, nous a permis d’échanger sur les défis actuels, notamment sociaux et sécuritaires, avec les autorités locales, les populations et les organisations de la société civile. Cela nous a également donné l’opportunité de mesurer l’impact de la présence opérationnelle de l’ONU sur le terrain et de nous assurer que personne n’est laissé de côté", a déclaré Mr. Niyonzima lors de la visite.
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(*)Lancé en 2021, le projet "Renforcement des compétences de vie des enfants et des adolescents, réintégration socio-économique des jeunes et promotion de la paix et de la cohésion sociale dans le département de l’Atacora" (PReCoV) promeut la résilience et la réinsertion socioéconomique des jeunes sans formation et des jeunes diplômés sans emploi. Il est mis en œuvre par l’UNICEF en collaboration avec les autorités locales et l’ONG Educo Bénin, grâce au soutien du Gouvernement du Japon.