Excellence Madame la Vice-présidente de la République,
Madame le Ministre des Affaires Sociales et de la Microfinance,
Madame la Présidente de l’Institut National de la Femme,
Monsieur le Directeur Régional de ONUFEMMES,
Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique et représentant(e)s des organisations internationales accréditées au Bénin,
Monsieur le Préfet du département de l’Atlantique,
Monsieur le Maire de la ville de Cotonou,
Mesdames et Messieurs les partenaires des organisations de la société civile,
Cher.e.s collègues du Système des Nations Unies ;
Cher (es) invités, en vos grades, rangs et qualités respectifs ;
C’est un honneur pour moi de prendre la parole à l’occasion de cette cérémonie de lancement officiel de la campagne mondiale des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes et des filles, édition 2024 sous le thème « Riposter et se reconstruire après les violences. »
Les 16 Jours d’activisme contre les violences basées sur le genre sont une campagne annuelle internationale qui démarre ce 25 novembre, date de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se termine le 10 décembre qui marque la journée des droits de l’Homme.
Je voudrais saisir cette occasion pour féliciter le Gouvernement du Bénin, notamment l’Institut National de la Femme, le Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance ainsi que tous les ministères sectoriels impliqués. Vos efforts constants pour renforcer l’application des lois contre les auteurs de violences et pour promouvoir l’épanouissement des filles et des adolescentes méritent d’être salués.
Mesdames et Messieurs
L’initiative TOUS UNIS d’ici 2030, sous l’égide du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, appelle à une mobilisation mondiale. Ensemble, nous devons sensibiliser, renforcer les efforts de plaidoyer et partager des innovations pour éliminer, une fois pour toutes, la violence envers les femmes et les filles.
Malgré les progrès accomplis, les défis demeurent immenses. La violence faite aux femmes et aux filles demeure la violation des droits humains la plus prévalente et la plus répandue dans le monde. Et je suis délibérément habillée en rouge pour exprimer la colère, les larmes de sangs, le sang des coups au corps comme à l’âme de millions de femmes dans le monde !
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, nous a récemment rappelé que l’épidémie de violence contre les femmes et les filles est une honte pour l’humanité. À l’échelle mondiale, on estime que 736 millions de femmes, soit près d’une sur trois – ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou pas intime, ou les deux, au moins une fois dans leur vie. En moyenne, chaque jour, 140 femmes et filles sont tuées par un membre de leur propre famille. Plus de 370 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui, soit 1 sur 8 ont subi un viol ou une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans. Environ 15 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont subi des rapports sexuels forcés au cours de leur vie.
Ces faits glaçants nous rappellent l’urgence de notre mission. Comme l’a souligné le Secrétaire général, « il est grand temps de tenir nos promesses faites il y a près de 30 ans dans la Déclaration de Beijing, afin de prévenir et d’éliminer les violences à l’égard des femmes et des filles. »
Au Bénin, les défis sont tout aussi pressants. Entre 2019 et 2023, 29% des femmes âgées de 15_49 ans, soit quatre sur 10 ont été victime de violences conjugales et 27% ont été victimes de violence physiques. Selon les statistiques de 2019 à 2023 du Système Intégré des Données relatives à la Famille, la Femme et l'Enfant – Nouvelle Génération, 29.309 filles et adolescentes ont été victimes de grossesses ou de mariages précoces, des chiffres qui révèlent des injustices insupportables. De plus, entre 2022 et 2023, 1 112 survivantes de violences basées sur le genre ont été recensées dans les six Centres Intégrés de Prise en Charge des Victimes de Violences Basées sur le Genre.
Ces statistiques nous rappellent que la violence envers les femmes et les filles ne connaît aucune frontière sociale, géographique ou culturelle. Au Bénin, On note une progression encourageante des statistiques des cas de plaintes et de décision de justice. En effet le rapport 2024 de mise en œuvre du programme d’action de Beijing au Bénin montre que l’INF a reçu 975 plaintes au cours du premier semestre 2024 contre 1133 cas en 2023.
Ces chiffres nous rappellent à nouveau que la campagne mondiale des 16 jours d’activisme constitue un moment important pour mobiliser nos forces, inspirer l’action et démontrer notre tolérance zéro envers ces violations.
La campagne de cette année intervient à un moment où les crises, conflits et impacts du changement climatiques accentuent les déplacements forcés et la vulnérabilité des filles et femmes. Il devient nécessaire de renforcer la résilience des filles et des femmes aux risque de VBG aussi bien dans l’environnement physique que virtuel/digital.
Voilà pourquoi, nous sommes rassemblés aujourd’hui autour de l’Institut National de la femme et du ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance pour lancer le démarrage des activités de cette période si symbolique pour nous.
A travers le thème « Riposter et se reconstruire après les violences », cette campagne nous appelle à :
- Intensifier les actions en faveur du changement de comportement et normes sociales promouvant l’égalité et le respect des droits de femmes et des filles.
- Mettre fin à l’impunité en tenant les auteurs de ces crimes responsables de leurs actes et en appliquant une tolérance zéro en matière de violence à l’égard des femmes et des filles.
- Investir dans la prévention pour garantir les droits des personnes qui ont survécu à la violence et leur permettre d’accéder à des services essentiels.
- Renforcer les stratégies qui s’attaquent à l’inégalité entre les sexes et aux causes profondes qui alimentent les cycles de violence.
Nous sommes à un tournant. Ce n’est qu’en unissant nos forces, nos ressources et nos voix que nous pourrons briser ce cycle de violence. Comme vous le savez, le cas des adolescentes survivantes est encore plus préoccupant compte tenu de leurs vulnérabilités et des conséquences irréversibles de ces violences dans leur vie. Nous sommes donc appelés à ne jamais baisser les bras tant qu’une fille ou une adolescente est victime de violence.
Il y va de l’avenir de nos générations futures.
Je vous invite à faire de ce lancement non seulement un moment de réflexion, mais aussi un engagement collectif renouvelé. Ensemble, comme l’a si justement exprimé le Secrétaire général, « nous pouvons construire un avenir où chaque femme et chaque fille vit librement, sans crainte ni violence. »
Je voudrais vous réitérer la disponibilité et la collaboration sans faille de toutes les Agences des Nations Unies, ainsi que celle de nos partenaires techniques et financiers à œuvrer aux côtés du Gouvernement, pour continuer à lutter contre les VBG, afin de bâtir un Bénin où toutes les filles, adolescentes et femmes vivent dans un environnement de plus en plus protecteur de jour en jour.
Avant de conclure mon propos, je tiens renouveler mes remerciements au gouvernement du Bénin et à tous les acteurs engagés dans la lutte contre les VBG. Je nourris l’espoir d’un Bénin où chaque femme et chaque fille peut vivre dignement à l’abri de toute forme de violence et de préjudice.
Ensemble, au-delà de ces 16 jours d’activisme, faisons entendre notre voix contre les violences basées sur le genre.
Vive la coopération internationale pour mettre fin aux violences basées sur le genre.
Je vous remercie