L’ONU riposte contre la fièvre de Lassa
30 avril 2016
- Face à cette épidémie, le Gouvernement et ses partenaires se sont mobilisés pour endiguer l’épidémie.
Depuis le 21 janvier où le premier cas présentant des symptômes de la fièvre hémorragique à virus Lassa a été annoncé, le Bénin a enregistré, à la date du 20 avril, 54 cas dont 28 sont décédés. Face à cette épidémie, le Gouvernement et ses partenaires se sont mobilisés pour endiguer l’épidémie. Au sein du Système des Nations Unies au Bénin, l’UNICEF, l’OMS et l’UNFPA, sont en première ligne pour freiner la propagation de la maladie.
Dans l’école primaire publique de Tchaourou centre, au Nord du Bénin, Tidjani Amoussa, instituteur de la classe de 5ème année, anime une séance d’information sur la fièvre hémorragique à virus Lassa. « La fièvre de Lassa est une maladie d’origine animale, notamment le rat, et peut se transmettre à l’homme. Nous allons travailler profondément sur comment se protéger et comment protéger la communauté », annonce-t-il aux élèves. Tout au long de la leçon, l’enseignant explique les causes de la maladie, les modes de transmission, les symptômes ainsi que les moyens de prévention.
A la fin de la leçon, Carine, huit ans se lève et récapitule : « Lassa est une maladie qui tue. Elle fait apparaître des boutons sur le corps. Elle donne la fièvre et des maux de tête de même que des douleurs dans tout le corps ». Pour éviter la fièvre de Lassa, « il faut se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon et éviter de manger la viande de rat », souligne la petite fille, avant de rejoindre ses camarades qui se mettent en rang pour exécuter la phase de démonstration du lavage des mains à l’eau et au savon. Avant la récréation, le maître distribue aux élèves de petites brochures d’information sur les maladies, réalisées par l’UNICEF et ses partenaires. « Ces brochures serviront aux élèves pour informer leurs parents à la maison », explique l’instituteur.
« A l’instar de l’école primaire publique de Tchaourou centre, toutes les écoles publiques et privées de la commune de Tchaourou et des zones affectées ont été mises à contribution pour stopper la propagation de l’épidémie », précise Yacoubou Taofic, chargé de la mobilisation sociale de la zone sanitaire de la commune de Tchaourou. En effet, c’est dans cette commune, située dans le département du Borgou au Nord du Bénin, précisément à l’hôpital Saint-Martin de Papané, que le premier cas de fièvre de Lassa a été pris en charge et a fait deux morts parmi le personnel de santé : un infirmier et une aide-soignante.
Pour amplifier la sensibilisation des populations, les radios de proximité ont également été sollicitées. Grâce à un protocole d’accord piloté par Plan International Bénin et l’UNICEF, une cinquantaine de radios de proximité ont diffusé quotidiennement des messages de prévention et organisé des émissions interactives pour amener les populations à cerner la maladie et mieux observer les règles de prévention telle que le lavage des mains.
Par ailleurs, les leaders d’opinions, les sages des localités affectées interviennent également pour sensibiliser les populations. Quant aux relais communautaires, ils suivent sous l’égide des responsables de la zone sanitaire, des ONG Sia N’Son et ANCRE, les personnes ayant été en contact avec les cas confirmés et suspects. De plus, ils animent en langues locales des séances publiques de sensibilisation sur la fièvre de Lassa suivies de démonstration de lavage des mains à l’eau et au savon ou à la cendre.
Renforcement des capacités
Dr Jacques Kotchoffa, urgentiste à l’Hôpital Saint-Martin de Papané, qui a soigné ses collègues infectés par le virus de Lassa, explique : « Nous payons déjà un lourd tribut. Mais si nous travaillons avec des équipements de protection, c’est la seule sécurité que nous avons. Il y a seulement à se protéger pour sauver des vies et récupérer ce qui est en train d’être perdu. La guérison de la fièvre hémorragique à virus Lassa est possible. Il y a de l’espoir ».Après l'identification du premier cas de fièvre de Lassa au mois de janvier dernier, le Gouvernement béninois, soutenu par l’UNICEF et l'OMS ainsi que les partenaires au développement, a immédiatement démarré une riposte contre l'épidémie. Il a déployé des équipes techniques aussi bien à l’hôpital de zone Saint-Martin de Papané qu’au Centre Hospitalier départemental du Borgou Alibori pour soutenir les équipes sur place. Des équipements de protection individuelle (EPI), gants, savon, produits désinfectants, bottes, masques, thermomètres infrarouges, des produits de décontamination etc. ont été mis à disposition du personnel de santé pour une prise en charge efficace et sécurisée des malades.
Au Centre Hospitalier Départemental Universitaire (CHDU) du Borgou Alibori, l’UNICEF a financé la construction d’un centre de traitement et d’isolement. Ce centre servira à prendre en charge des malades de fièvres hémorragiques, mais aussi à former des agents de santé sur ces types de maladie.
A l’instar de l’UNICEF et de l’OMS, l’UNFPA est également allé au secours du CHDU du Borgou Alibori, en mettant à sa disposition : des gants d’examen et de révisions utérines, des flacons de liquide hydro alcoolique, des pains de savon y compris des cartons de préservatifs masculins pour la protection des personnes guéries de la fièvre de Lassa.
Transmission et symptômes
La transmission de la Fièvre de Lassa peut se faire par contact avec les excréments de rongeurs notamment, le rat à multiple mamelles. Le virus se transmet aussi au contact d'une personne infectée via les liquides biologiques : le sang, l'urine, la salive, le sperme, les vomissures, les selles. L'incubation de l’infection varie de six à 21 jours.
Les premiers symptômes sont : la fièvre, une fatigue générale, la nausée, des vomissements, la diarrhée, des maux de tête et de ventre et le mal de gorge. L'œdème du cou ou du visage et des saignements sont parfois observés.
Il existe un traitement efficace contre la Fièvre de Lassa : la Ribavirine. Ce médicament permet de soigner les personnes malades, à condition d'être administré rapidement après l'apparition des premiers symptômes.
Un champion nommé François
Peut-on guérir de la fièvre de Lassa ? Oui on peut en guérir. Malheureusement, les personnes guéries de cette maladie sont parfois rejetées par leur communauté de base. C’est le cas de M. François Vito, un vrai champion, qui a vaincu la fièvre Lassa. Infirmier d’Etat, totalisant plusieurs années de pratique professionnelle, il fait partie des agents de santé ayant soigné le premier cas de fièvre de Lassa, pris en charge à l’hôpital Saint Martin de Papané. Bien qu’il soit certifié totalement guéri de la fièvre de Lassa, les voisins, les amis et même des parents ont tous fui et abandonné M. Vito. « Je pense que tout le monde me craint, y compris la majeure partie de mes collègues. Ce qui me désole, ce sont aussi mes enfants qui sont stigmatisés à l’école et partout dans le quartier », déplore-t-il avant d’inviter le gouvernement et ses partenaires à « bien sensibiliser les populations pour éviter la discrimination et la stigmatisation des personnes guéries de la fièvre de Lassa »