Mobilisation du Gouvernement et ses partenaires contre la malnutrition chronique Les 1000 premiers jours de vie : les défis de la malnutrition chronique au Bénin
13 juin 2015
- Au Bénin, selon les résultats de l’Enquête à indicateurs multiples (Multiple Indicateur Cluster Survey -MICS) 2014, plus d’un enfant sur trois souffre de retard de croissance connu sous l’appellation de malnutrition chronique. Ce retard de croissance touche davantage les enfants vivant en milieu rural (35%) que ceux qui vivent en milieu urbain (25%).
La malnutrition chronique n’est pas encore bien perçue comme l’une des formes de malnutrition grave au Bénin, contrairement à la malnutrition aiguë, qui dans ses formes cliniques sévères, présente des signes très visibles, (cinq enfants sur cent au Bénin selon le MICS). Elle est souvent ignorée parce qu’elle ne se voit pas à l’œil nu. Elle s’installe dès le plus jeune âge de l’enfant, notamment pendant les 1000 premiers jours, allant de la conception à l’âge de deux ans. Elle restreint les capacités d’apprentissage scolaire chez l’enfant et, plus tard, de productivité. De plus, elle peut se perpétuer de génération en génération.
Anne Vincent, Représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Bénin, souligne que « la malnutrition chronique augmente le risque de morbidité et de mortalité, participe aux cycles intergénérationnels de la pauvreté et de la malnutrition ». Ses effets sur l’enfant sont pernicieux tels que « l’altération du développement cognitif, les faibles performances scolaires, la faible productivité à l’âge adulte » précise Ambroise Agbota, consultant en nutrition au Bureau de la Banque Mondiale au Bénin.
Au-delà de son impact sur les enfants de moins de cinq ans, la malnutrition chronique hypothèque le développement de toute la nation. C’est pourquoi le Conseil national de l’Alimentation et de la Nutrition (CAN) a initié du 11 au 13 juin 2015 un forum ayant pour thème « Les 1000 premiers jours de vie : les défis de la malnutrition chronique au Bénin ».
Organisé avec l’appui de l’UNICEF, de la Banque Mondiale, du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Mouvement Scaling up nutrition (SUN), ce forum a servi de cadre pour faire un plaidoyer national de haut niveau en faveur de la nutrition en général et de la lutte contre la malnutrition chronique en particulier. Il a permis d’élaborer un cadre commun de résultats pour la lutte contre cette maladie.
Grande mobilisation
Le ministre en charge du Développement, Marcel de Souza, la ministre en charge de la Santé, Dorothée Akoko Kindé Gazard et celle en charge de la Famille, Naomie Azaria, ont pris part à la cérémonie inaugurale du forum axée sur le plaidoyer en faveur de la lutte contre la malnutrition chronique. Outre cette forte représentation de l’exécutif, les représentants des agences du Système des Nations Unies - incluant les conseillers régionaux en nutrition de l’UNICEF, l’OMS et le PAM - de la Coopération bilatérale et multilatérale, de la société civile, du secteur privé, des bailleurs de fonds, des élus locaux et des dignitaires du culte religieux ainsi que des chefs coutumiers et des représentants des médias étaient présents. De même, des cadres techniques et administratifs ont pris une part active au forum.
Par ailleurs, une délégation de parlementaires camerounais, des experts venus du Sénégal, du Mali, du Niger, de la Côte d’Ivoire et d’autres spécialistes venus d’Afrique, d’Europe et de l’Amérique ont apporté des contributions de qualité aux travaux. Au total, plus de cent cinquante experts du secteur de la nutrition, de la santé, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, de la protection sociale, de l’eau, hygiène et assainissement ont pris part à ce forum.
Plaidoyer et espoir
Intervenant à l’ouverture du Forum, le Ministre en charge du Développement Marcel de Souza a souligné que « la malnutrition est la conséquence de la pauvreté qui sévit aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines ». Se fondant sur les chiffres révélés par l’Enquête à indicateurs multiples (MICS) 2014, son collègue du ministère de la santé Dorothée Akoko Kindé Gazard affirme qu’il s’agit «d’indicateurs inquiétants qui appellent de la part des décideurs des actions urgentes, en vue d’inverser la tendance, dès lors que des solutions basées sur l’évidence existent».
Après avoir passé en revue les causes fondamentales de la malnutrition et ses manifestations au Bénin, les participants au forum ont eu des échanges thématiques en groupes sur la santé, l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, la gouvernance et le financement ainsi que sur les actions à entreprendre pour relever le défis de la malnutrition chronique. Les résultats des travaux de groupe ont débouché sur l’ébauche d’un cadre commun de résultats pour une réponse concertée et efficace aux défis de la malnutrition chronique au Bénin.
Clôturant la rencontre, le professeur Rock Mongbo, secrétaire permanent du Conseil de l’Alimentation et de la Nutrition a souligné que « le Secrétariat de la Présidence a suivi le forum au quotidien et que les conclusions des travaux, principalement les orientations contenues dans le cadre commun des résultats, feront l’objet d’une communication en Conseil des ministres. Ces conclusions seront portées à l’attention des députés et des collectivités locales et deviendront une plateforme prescriptive vis-à-vis des partenaires techniques et financiers ».